Souvent surnommé « ginseng de Sibérie », l’éleuthérocoque est couramment confondu avec les autres ginsengs (asiatique, ou panax ginseng, et américain, ou panax quinquefolius) en vertu de propriétés adaptogènes relativement similaires.
Du point de vue des constituants actifs, cette racine de la famille des Araliacées ne possède pourtant rien en commun avec la grande famille des ginsengs.
Quelles sont donc les spécificités de cette plante médicinale nous venant du froid ?
Un peu d’histoire
Natif de Sibérie, l’éleuthérocoque pousse également dans le nord de la Chine, de la Corée et du Japon.
Des écrits des années 1500 relatent l’utilisation de la plante à des fins diverses en médecine chinoise : tonique du Qi, du yang de la rate et des reins, tonique général de longévité, traitement des pertes d’appétit, des douleurs lombaires et des douleurs aux reins et aux genoux, apaisement du sommeil lorsque ce dernier est perturbé par les rêves...
C’est en Russie, dans les années 1950, que de nombreuses recherches se font sur les diverses plantes de la famille des Araliacées. Recherchant un substitut au Panax ginseng, devenu trop onéreux, les Russes découvrent enfin l’éleuthérocoque, et définissent un terme encore utilisé aujourd’hui : le terme adaptogène.
Une plante adapatogène reconnue
L’Organisation Mondiale de la Santé reconnaît l’efficacité du ginseng sibérien à titre de « tonique capable d’augmenter les capacités mentales et physiques lors de fatigue et au cours des convalescences ».
Par son action « normalisante » agissant de manière très large sur tous les processus physiologiques, l’éleuthérocoque ramène les fonctions vers un juste milieu. Ainsi, il apaise les états d’hyperfonction et stimule les états de faiblesse.
Plusieurs études concluantes ont été menées à son sujet, en Russie notamment, démontrant une réponse supérieure d’adaptation humaine face aux conditions adverses telles que la chaleur, le bruit, les déplacements rapprochés et l’augmentation de la charge de travail. Ont également été mesurés une augmentation de l’acuité mentale, de la qualité du travail sous des conditions stressantes, ainsi qu’une performance athlétique et une vitesse de récupération accrues.
Des mécanismes d’action bien identifiés
Les racines charnues de l’éleuthérocoque sont particulièrement riches en polysaccharides, composés phénoliques, saponosides et éleuthérosides de différents types. C’est cette chimie particulière qui lui confère cette habileté à rétablir dans le corps ce qui est « normal », lui valant son appellation de plante adaptogène.
En agissant sur l’hypophyse, que l’on qualifie de glande maitresse, l’éleuthérocoque régularise tout le système hormonal de l’organisme.
Consommer l’éleuthérocoque permet également aux muscles d’utiliser plus efficacement l’oxygène ainsi que l’énergie mise en réserve sous forme de glycogène afin de mieux performer.
La plante stimule la synthèse d’ADN et d’enzymes cellulaires réparatrices. Ce sont probablement ces actions qui confèrent à l’éleuthérocoque la propriété de ralentir le vieillissement.
L’éleuthérocoque purifie le sang, diminuant la synthèse hépatique de cholestérol et abaissant le cholestérol sanguin, et semble prometteur pour réguler la glycémie chez les personnes diabétiques grâce à la syringine et à l’éleuthéroside E qu’elle contient.
De nombreuses études ont démontré que l’éleuthérocoque était immunostimulant, augmentant la quantité de lymphocytes T et d’anticorps. Au-delà de cette propriété, la plante freine les réactions du système immunitaire lorsque celles-ci sont excessives. C’est le cas lors d’allergies ou de certaines maladies auto-immunes. Ainsi, l’éleuthérocoque régule et exerce un effet immunomodulateur.
Des bénéfices cumulatifs
« Lentement, mais sûrement » est l’adage correspondant le mieux à l’action de l’éleuthérocoque. Bien que très efficace, les résultats ne se font pas sentir du jour au lendemain. Cumulatifs, ils se révèlent au fil des semaines, généralement deux à trois après le début de la cure. Et si l’on persiste, la plante donne des résultats assez prévisibles et éloquents.
Pourquoi pas du ginseng asiatique, ou Panax ginseng?
Certains pseudo-experts assurent que le ginseng asiatique, ou Panax ginseng, est le plus efficace, le roi des remèdes. Or ce n’est pas tout-à-fait exact : « ginseng » sibérien et ginseng asiatique ne possèdent simplement pas exactement les mêmes propriétés pour les mêmes maux à soigner. C’est pourquoi il est préférable de se tourner vers un spécialiste, celui-ci étant en mesure de conseiller la racine à privilégier selon les symptômes et la vitalité globale de la personne.
Dans la médecine traditionnelle chinoise, le ginseng asiatique est plutôt un aliment « chaud », c’est-à-dire qu’il nourrit l’énergie Yang, alors que l’éleuthérocoque est de nature plus neutre, avec seulement une légère tendance chaude. Plus équilibré, le « ginseng » sibérien alimente ainsi les énergies Yin ET yang.
En occident, le ginseng asiatique est trop souvent utilisé à mauvais escient par des gens ayant déjà une forte énergie yang, due au mode de vie ou à l’alimentation : diète riche en viandes, en sucres, surmenage physique et mental... Ces habitudes sont susceptibles, en effet, de provoquer un excès de chaleur ou d’énergie yang pouvant se traduire par des palpitations, de l’anxiété, de l’insomnie...
« Si tu consommes du ginseng durant ta jeunesse, qu’utiliseras-tu lorsque tu seras vieux »?
Tonique davantage adapté à l’âge mûr ou à l’âge d’or, le Panax ginseng peut se révéler très stimulant chez les jeunes gens plus sensibles. De ce fait, les personnes jeunes supportant mal l’effet du ginseng asiatique répondront le plus souvent mieux à l’éleuthérocoque.
On dit de ce dernier qu’il est le plus doux des ginsengs, et qu’il est davantage indiqué pour la femme. Son effet adaptogène se traduira davantage par une restauration de l’énergie profonde, plutôt que par un effet stimulant de style « coup de fouet ». Il est énergisant tout comme son cousin asiatique, mais possède de surcroît un effet calmant sur le système nerveux.
À essayer, les produits Miviton Plus et Sumaforme, chez Holizen, qui contiennent l’éleuthérocoque.
Références
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